avril 2017

«Des jeunes moins réceptifs à la réglementation»

Avec respectivement 92, 86 et 83 %, les auto-écoles d'Is-sur-Tille, Campus à Dole et Pierre Talon à Delle, affichent 3 des meilleurs taux de la région. Leurs 3 responsables donnent leurs conseils aux jeunes.
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Pierre Talon a créé son auto-école il y a 40 ans à Delle. Il est également président de la fédération nationale des enseignants de la conduite. Yannick Collignon est cogérant de l’auto-école d’Is-sur-Tille dont le taux de réussite 2015 de 92 % est le meilleur de la région. Pierre-Yves Robé est gérant de l’auto-école Campus à Dole, qui réalisait avec 83 %, le meilleur taux de réussite du Jura et l'un des meilleurs de la région. Tous trois sont donc bien placé pour parler du permis.

Que conseillez-vous entre la conduite accompagnée et l’apprentissage classique ?
PT : La conduite accompagnée, sans aucun problème. En général, sur le coût, on sait où on va et il n’y a pas de surprise d’addition supplémentaire. La réussite est nettement supérieure. L’expérience acquise est une assurance du point de vue de la sécurité routière, une fois le permis acquis. Autres avantages, on peut commencer dès 15 ans et la durée de permis probatoire est de 2 ans au lieu de 3. Il est dommage que certains jeunes n’y aient pas accès parce que les parents n’ont pas le temps, ne veulent pas ou ne peuvent pas le faire. L’idéal est de suivre les formations théorique et pratique simultanément avant de partir en conduite accompagnée avec les parents pendant 1 an et demi, 2 ans. C’est vraiment le plus efficace.
YC : La conduite accompagnée, c’est mieux car elle donne une meilleure expérience de conduite et donne des taux de réussite au permis plus favorables. Les jeunes acquièrent de l’expérience pendant un an sur la route. Ils arrivent à l’examen plus confiants.
P-YR : L’an dernier, il y a eu 93 % de réussite avec la conduite accompagnée et 69 % en formule classique : cela suffit à montrer que ceux qui choisissent cette méthode sont plus aptes. Ils acquièrent plus d’expérience et il est avéré qu’ils ont moins d’accident une fois qu’ils ont le permis.

Proposez-vous l’apprentissage sur voiture à boîte automatique ?
PT : On le fait depuis 20 ans ! On a toujours eu une voiture en automatique y compris pour les personnes à mobilité réduite. On essaie d’inciter les gens qui ont du mal à apprendre à conduire à y passer, plutôt que ne pas voir la fin du tunnel. D’autant que depuis le 1er janvier, les gens qui passent le permis en boîte automatique ont possibilité de suivre 6 mois après une formation de 7 h sur une voiture à boîte manuelle. C’est l’école de conduite qui valide ou non l’extension du permis. Pour certains, ce mode est mieux adapté, mais on remarque qu’il n’y a jamais de demande volontaire et même que pour certaines personnes, il n’en est pas question.
YC : On ne le propose pas actuellement, mais on le fera bientôt.

Qu’est-ce qui est le plus difficile à inculquer?
PT : Le code de la route. Parce que désormais, il faut convaincre les jeunes qu’il faut apprendre la réglementation. Les générations actuelles ont clairement un problème de ce côté. J’ai fort à faire quand je parle d’alcool ou de cannabis. Il y a une réticence ou de l’ironie, c’est vraiment difficile de faire comprendre que c’est important. Les interdits ne leur plaisent pas, or c’est la réglementation qui compte si on veut être un conducteur respectueux et garder ses points. En second lieu, je dirais que les jeunes sont moins doués mécaniquement qu’avant.  Il n’y a plus le même intérêt pour la voiture que dans les années 80 et 90, où il y avait un engouement certain.
YC : Le maniement des commandes. Le fait de devoir tout gérer à la fois, aux niveaux des pédales, du volant, des contrôles visuels.
P-YR : Je pense que le plus compliqué c’est la perception de tout ce qui peut arriver, l’analyse des dangers, l’anticipation. En moyenne, pour présenter le permis, il faut 32 à 35 h de conduite. La prise de conscience de l’environnement n’arrive qu’au bout de 10 à 15 h.

En mai dernier, le test du code a changé, avec quelques couacs. Un an après, quel bilan faites-vous ?
PT : Les problèmes se sont stabilisés mais cette nouvelle version ne me plaît pas trop. Au départ, il y a eu des taux de réussite de 10 à 20 %, de nombreuses protestations et en l’espace de 15 jours, on est remonté à 70 % ! Que les autorités puissent jouer au yoyo avec ça est inadmissible. On reste quand même inquiet car il y aurait des ereurs dans certaines questions ajoutées mais comme la profession est hors circuit de décision, on ne les a pas vues. En tout cas, c’est plus difficile qu’avant avec beaucoup de questions sur le véhicule. Mais cela va un peu trop loin car on évoque les voitures avec les équipements les plus modernes, que la majorité des jeunes n’a pas les moyens d’acheter. Pour passer le code, il faut connaître plus de choses sur la voiture que sur la réglementation. Alors nous sommes obligés de faire beaucoup de théorique pendant la conduite.
YC : Maintenant, il semble que tout aille mieux. Il y a une certaine logique dans ce qui est proposé mais aussi une façon d’appréhender le code de la route en tant que réglementation qui s’est perdue. Mais on manque encore de recul sur ce point.
P-YR : Il n’y a plus de code. Il y a beaucoup moins de questions sur les panneaux. On parle beaucoup plus d’écoconduite ou de responsabilité. En conséquence, on est obligé de faire de la théorie pendant la pratique. Même quand ils ont obtenu le code, on doit rappeler les priorités à droite, ils ne connaissent pas les panneaux. Alors je conseille de suivre les premières leçons de conduite pendant la préparation de l’examen du code.

Avez-vous des conseils en termes d’âge et de fréquence de leçons ?
PT : Ca dépend des gens. Depuis que la conduite accompagnée est accessible dès 15 ans, j’ai déjà vu des jeunes pour qui c’est trop tôt et d’autres qui s’en sortent très très bien. C’est une question de motivation et d’envie de conduire. On en voit qui ont du mal à faire 600 km et d’autres qui finissent à 7000 km alors qu’il en faut 3000.
YC : Le plus tôt possible car on assimile mieux jeune, comme tout ce qui concerne la formation. Ensuite, évidemment il faut être régulier avec des leçons rapprochées. Cela donne plus de chances de réussite rapide – et c’est la même chose pour le code. Même pour nous, du point de vue de l’apprentissage, c’est plus confortable avec des élèves réguliers. Quand c’est trop espacé, c’est catastrophique.
P-YR : Ceux qui ont la possibilité d’avoir des heures rapprochées, 2 à 5 par semaine, progressent beaucoup plus vite. Si c’est trop étalé, c’est problématique. Pour l’âge, plus on commence tôt, plus on assimile vite. C’est surtout vrai pour le code car il y a besoin d’apprendre pas cœur et les jeunes ont encore cette habitude. Les gens de plus de 30 ans ont plus de difficultés.

Pierre Talon, en tant que président de la Fnec, avez-vous d’autres recommandations à faire ?
Je pense qu’il devrait y avoir plus d’aides de la part des assurances. La conduite accompagnée leur a fait gagner des sommes d’argent, elles pourraient s’impliquer plus dans la formation des conducteurs (certaines le font en finançant des formations postpermis).  Je conseille aux jeunes de faire attention aux auto-écoles low cost, dont l’une vient d’être mise en redressement judiciaire, ce qui risque de poser problème pour les personnes inscrites. Lorsque le prix est trop bas, c’est qu’il y a une arnaque. Les frais fixes d’une école sont les mêmes pour tous donc il n’est pas possible de faire des miracles. Quand on s’inscrit, il est très important de prendre un maximum de renseignements sur l’auto-école : les tarifs, les enseignants, la fréquence des leçons, les formules proposées…

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