janvier 2009

L'éducation populaire en Franche-Comté

Les associations d'éducation populaire, qui salarient aujourd'hui plus de 1500 personnes dans la région, regroupent près de 75 000 adhérents et touchent plus de 350 000 bénéficiaires.
Dessin Christian Maucler
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Leurs activités principales comprennent : les centres de vacances pour enfants et adolescents , les classes de découvertes, les spectacles pour le jeune public, le cinéma et l'éducation à l'image, les coopératives scolaires, le service d'aide pédagogique à domicile, les accueils de loisirs, les ludothèques, l'éducation à l'environnement et à la citoyenneté, l'éducation par le sport, l'accompagnement social des jeunes, l'éducation artistique, les actions de solidarité et la lutte contre les discriminations. Pour mieux le comprendre, quelques responsables locaux expriment leur point de vue sur l'éducation populaire et son rôle social :

Jacky Laithier, directeur général des Pep du Doubs 
Les PEP (pupilles de l'enseignement public), nés après la première guerre mondiale militent “pour le droit et l'accès de tous à l'éducation, à la culture, à la santé, aux loisirs, au travail et à la vie sociale”. Nous avons un projet départemental qui se rattache au fédéral et défend deux valeurs principales : la laïcité et la solidarité. Le projet fédéral 2006-2010 intitulé “Accompagner pour une société plus solidaire” présente les grandes lignes d'action du mouvement  qui souhaite apporter  des réponses adaptées aux besoins nés d'une société où se creusent plus profondément la pauvreté, les inégalités, l'exclusion. Nous intervenons dans 3 secteurs : l'enfant et la famille, les classes découvertes et séjours de vacances et le médico-social. Dans le premier domaine, nous gérons par exemple le Sapad (service d'aide pédagogique à domicile) qui permet aux enfants malades et accidentés d'avoir une scolarité à domicile par l'intermédiaire d'enseignants volontaires. Dans le deuxième, ce sont des classes découvertes organisées en complémentarité avec l'Education nationale sur des projets pédagogiques déterminés par les enseignants, ce sont aussi des séjours de vacances avec activités  hors périodes scolaires et des séjours pour familles en difficultés en partenariat avec la Ville de Besançon. Nous avons un centre permanent à Mouthe avec des lieux d'activités satellites : base d'activité de Malbuisson, centre équestre de  Chaux-Neuve, ferme équestre des Bâties. Nous avons également un centre de séjour à l'Ile d'Yeu. Dans le Doubs, nous représentons 23000 journées d'accueil. Le troisième secteur se traduit  par deux établissements : un institut thérapeutique éducatif et pédagogique qui reçoit des enfants présentant des troubles de la conduite et du comportement à Courtefontaine dans le Jura et un centre pour malentendants à Besançon.  
PEP 25, 6 rue de la Madeleine, 25000 Besançon, 0381252400    

Nadine Vieste, directrice territoriale des Cemea 
Pour nous l'éducation populaire, c'est l'éducation pour et par le peuple. Nous défendons les valeurs de la république et la laïcité, ce qui ne signifie pas anticléricalisme. Les Cémea ont fêté leurs 70 ans l'an dernier. Notre particularité est de travailler à partir de la personne, de mettre l'individu au centre d'une formation et d'inciter à la formation de l'individu par lui-même. Nous faisons de la formation Bafa et BAFD. Jusqu'en 1986, nous participions même à la formation des maîtres puisque les enseignants du 1er degré devaient passer le premier stage Bafa. C'est un aspect de la complémentarité avec l'école. Aujourd'hui encore, nous nous inscrivons dans la formation des délégués d'élèves, représentants de lycéens ou d'étudiants. Nous participons également à la formation continue des enseignants ou à l'accompagnement à la scolarité : dans le cadre de contrat local d'éducation, il s'agit de former des personnes à encadrer les enfants pour faire autre chose que ce qu'ils font à l'école. C'est de l'éducation à travers des activités, des jeux de société, le livre, les activités manuelles...  En une année, nous comptons 7900 journées stagiaires : la moitié concerne la formation d'animateurs, 25 % l'animation professionnelle (diplômes comme le BPJeps, le Bapaat), 10 % l'activité internationale (formation de professionnels sur les échanges européens, programme jeunesse...), 9 % les délégués d'élèves et l'accompagnement à la scolarité et 6 % la formation de nos permanents. 
Cemea de Franche-Comté, 18 rue de Cologne, BP 117, 25013 Besançon cedex, 0381813380

Marcellin Baretje, secrétaire général de l'Aroeven 
Je dirais que l'éducation populaire, c'est le sens le plus large de l'éducation. Elle recouvre tout ce qui concerne les jeunes en dehors du système éducatif : c'est les vacances, les loisirs, les quartiers... L'Aroeven est à la fois dans et hors du système éducatif. On se définit plus comme mouvement complémentaire de l'école que d'éducation populaire. C'est un mouvement pédagogique, un mouvement de recherche, un mouvement de séjours de vacances et de formation de cadres. Il a été créé en 1952 car après la guerre, il fallait s'occuper de nombreux jeunes sans moyens, voire sans famille. Il est né dans l'enseignement technique sous le nom d'Aroevet pour devenir Aroeven lorsque ce dernier a été récupéré au sein du système éducatif. A Besançon, c'était en 1969 et cela a été ma première mission ! Durant toute cette période il y a eu création d'un secteur vacances, d'abord en séparant filles et garçons puis mixte, et des foyers socio-éducatifs dont on revendique la paternité. Il fallait qu'on entre dans le système éducatif pour le faire évoluer vers une plus grande citoyenneté, une meilleure prise en compte de la parole des élèves, une meilleure communication avec les professeurs. C'était le but de ces foyers. On est agréé depuis 1975 pour les formations Bafa et BAFD. Il y a eu aussi une convention signée par Edgar Faure en 1969 portant sur un programme de formation psychosociologique des enseignants, directeurs, infirmières, documentalistes... Cela a duré jusqu'en 83-84. Puis la formation des délégués de classe dans les années 80. Aujourd'hui on en propose dans 20 à 25 collèges et lycées, avec des stages d'une demi-journée. Toujours la même optique : améliorer la relation entre adultes et jeunes, profs er élèves, profs et délégués. On forme aussi des formateurs de délégués car on tient à ce que ces formations soient réalisées avec des personnes de l'établissement. Depuis le début, on est à l'intérieur de l'école, pour compléter ce que délivrent les professeurs. Pas pour se substituer, mais pour améliorer le dialogue et en fin de compte les résultats scolaires. En ce qui concerne les séjours, nous avons une base de plein air à Rochejean où nous organisons des classes de découvertes et des séjours de vacances et une base nautique de jour à Chaudron, au bord du lac St-Point. L'Aroeven représente 50 journées stagiaires en formation de formateurs, 400 journées stagiaire en formation d'élèves, 584 journées stagiaires en Bafa, 3000 journées classes de découvertes et 370 jeunes en centres de vacances par an. 
Aroeven de l'académie de Besançon / Franche-Comté, rectorat, 58 rue du Chasnot, 25000 Besançon, 0381882072  

Manuel Messey, délégué général de l'Union régionale de la fédération des oeuvres laïques (Ligue de l’enseignement) 
L'éducation populaire prend sa source au moment du droit de vote - et antérieurement l'inspiration va jusqu'aux Lumières. Il y a un regroupement autour de la pensée que ce droit doit s'accompagner de moyens d'agir sur la société et donc qu'il faut mettre en place des lieux d'éducation permanente.C'est l'éducation pour tous tout au long de la vie. Le plus ancien mouvement est la Ligue de l'enseignement. En 1866,des personnes se retrouvent autour de Jean Macé, professeur d'école privée, pour revendiquer un service public d'éducation. Cela commence par des bibliothèques en milieu rural, dans les armées, itinérantes. Puis cela s'est développé vers les domaines du sport, de la culture, des loisirs. Aujourd'hui, cela n'a pas changé : il s'agit de favoriser le développement des pratiques sportives, culturelles, de loisirs partout et pour tous, non comme finalité mais comme moyen d'épanouissement. La FOL est très attachée aux valeurs de la laïcité qui fondent une république démocratique.  Ce qui signifie permettre l'expression de toutes les cultures, toutes les religions sans exclure personne et sans qu'elles s'immiscent dans le fonctionnement de la vie publique. On ne nie pas l'apport de valeurs des religions mais il faut que la séparation avec l'Etat s'applique. Nous visons toujours 2 choses : le développement personnel pour que le citoyen puisse comprendre la société et la transforme et le développement de la vie associative comme marque d'expression de la démocratie participative sur tout le territoire. A partir de là, nous mettons en place des outils : l'Ufolep et l'Usep pour le sport, 2 réseaux de diffusion culturelle, Ecran mobile (réseau de cinéma itinérant qui privilégie proximité, jeune public, art et essai) et Côté cour (scène jeune public qui est aussi la première scène de spectacle vivant de la région), des séjours vacances et classes de découvertes, des formations Bafa et BAFD. Il y a également un aspect réflexion, des conférences avec le cercle Condorcet et la participation à des événements de lutte contre les discriminations comme le racisme ou l'illettrisme. L'Urfol, c'est 600 associations affiliées, 120 000 jeunes concernés (certains sont comptés plusieurs fois car ils sont touchés par plusieurs activités). 
Ligue de l'enseignement - Urfol, 14 rue Violet, 25000 Besançon, 0381250636

Gil Grosperrin, responsable du réseau des directeurs pour la fédération du Doubs des Familles rurales. 
Pour nous, l'éducation populaire, c'est l'éducation au sens large, de tous, en considérant que la famille est bien le premier lieu d'éducation des enfants. Notre vocation est de s'adresser au milieu rural ou périurbain, en donnant possibilité à toutes les personnes y vivant de s'organiser par eux-mêmes, d'être acteurs de leur vie de citoyen. Nos statuts nous permettent d'être très vastes dans l'action car nous souhaitons répondre aux besoins locaux pouvant aller jusqu'au transport ou au portage de repas à domicile. D'une association à l'autre, on peut donc trouver des actions complètement différentes. Nous sommes d'abord un mouvement de bénévoles dans lequel les gens vont être acteurs de la société. Nous avons aussi des salariés qui mettent en place des actions avec les composantes de la famille, en les faisant participer. Par exemple, on aide les jeunes qui ont un projet à en être acteurs, à le mettre en place eux-mêmes, à réfléchir à son financement. Notre mouvement est structuré comme une pyramide à l'envers : au sommet, les familles qui se regroupent en associations locales pour répondre à leurs besoins. Ces associations ont besoin d'accompagnement, de représentation auprès des pouvoirs publics et se regroupent en fédérations départementales. Ensuite il y a l'échelon régional, pour accompagner le départemental et mettre en place des formations et le national qui intervient auprès des ministères en faveur de la famille et du milieu rural. Nos activités comprennent de l'accueil petite enfance, des accueils périscolaires et des accueils de vacances, des formations de bénévoles et d'animateurs (Bafa, BAFD, BPJeps, Bapaat), des activités pour adolescents et adultes jusqu'au 3e âge, des conférences ponctuelles. Nous avons également une association de consommateurs. En Franche-Comté, Familles rurales représente 75 associations locales, environ 750 bénévoles et 5500 familles adhérentes.  Familles rurales, fédération du Doubs, 12 rue de la Famille, 25000 Besançon, 0381538239  

Alain Buchot, délégué départemental des Francas du Doubs 
L'éducation est l'une des influences qui s'exercent sur l'individu et participent à la construction de la personne. Elle est maîtrisable contrairement à celle de l'environnement. Mais elle n'est pas limitée à la sphère de l'Education nationale. L'education populaire, c'est l'éducation pour tous et par tous et du peuple par le peuple. Elle doit permettre à chacun de participer à l'éducation de tous. Aux Francas, depuis toujours, les jeunes participent à la formation des enfants : ce sont les animateurs qui, sur leur temps de vacances et de loisirs, apportent leur enthousiasme, leur envie, leur façon de voir les choses. Dans nos structures, les parents participent aussi aux projets d'interventions auprès des enfants. Nous nous voulons espace de rencontre de tous les éducateurs, enseignants, parents, animateurs dans une logique de faire ensemble et de brassage des origines, des âges et des milieux. Je reprend souvent ce proverbe africain : “il faut tout un village pour éduquer un enfant”. Les Francas ont également toujours eu en tête de s'adresser aux populations défavorisées. C'est une oeuvre régulatrice, pour permettre à ceux qui ont moins que les autres d'accéder aux mêmes choses. On a des objectifs de transformation, de mise en oeuvre de projets pour les populations, avec ces populations, dans une démarche qui vise le développement de la citoyenneté active et le renforcement de la démocratie. Elle doit permettre aux individus d'avoir une maîtrise de leur avenir, de participer à leur propre devenir. La fédération nationale s'est constituée durant l'après-guerre. Les Francas du Doubs sont nés à Montbéliard à l'époque de grands déplacements de population vers les usines Peugeot. Il s'agissait d'accueillir massivement les enfants dans le cadre de patronages laïcs et très vite on a ouvert les premières ruches enfantines (centres de loisirs sans repas). Puis cela a été étendu aux vacances. Grand-Charmont a été la première ville en France à organiser un accueil d'enfants avec des professionnels. Aujourd'hui, nous sommes sur la mise en oeuvre d'un service public d'accueil éducatif. Les actions conduites sont adaptées à chaque territoire en fonction des rythmes de vie, des besoins sociaux, des particularités. Il y a de l'accueil périscolaire le matin, le soir et sur le temps de la restauration scolaire, des centres de loisirs sans hébergement (mais nous développons aussi des séjours avec hébergement internationaux en coopération avec des comités de jumelage), des ludothèques, des formations Bafa et BAFD. Nous raisonnons en continuité et l'entrée enfance amène nécessairement des prolongements vers la petite enfance d'un côté, la jeunesse de l'autre. Nous avons des crêches et haltes garderies ainsi que 10 animateurs jeunesse dans le département du Doubs. Nous menons enfin de multiples actions  avec et pour les jeunes, notamment autour de la défense des droits de l'enfant et de l'apprentissage de la citoyenneté, avec la perspective actuelle de préparer les enfants à être des citoyens de l'Europe. 
Francas du Doubs, 12 rue Renaud de Bourgogne, 25200 Montbéliard, 0381998701

Recueilli par Stéphane Paris
En photo
1 - Jacky Laithier
2 - Marcellin Baretje
3 - Alain Buchot

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