février 2013

Mikaël Yanardag, 19 ans, entrepreneur de spectacles

L’étonnante histoire d’un jeune de Salins-les-Bains qui se lance dans des productions ambitieuses. Après avoir produit un long métrage, il fait venir Kev Adams à Champagnole.
Photo Yves Petit

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A 19 ans, Mikaël Yanardag n’aime pas perdre son temps. «Quand j’étais en BTS et que les profs ne venaient pas, j’étais agacé d’être là à ne rien faire alors que j’aurais pu passer ce temps à avancer dans mes projets».
Il a pour l’instant mis de côté le BTS assistant de gestion. D’abord parce que la brasserie «le Thermal» là où il était en alternance lui a proposé un CDI à mi-temps. Et surtout trop d’occupations parallèles le passionnent. Mikaël est plutôt du genre à s’activer, des idées plein la tête. Un jeune homme dans son élément lorsque ça bouge. Et quelqu’un qui n’hésite pas à se lancer, quitte à réfléchir après. L’histoire du long métrage qu’il a mené de A à Z est représentative.

«C’est parti sur l’idée de faire un film sans avoir la moindre idée de ce que cela impliquait ni de ce qu’on allait tourner. Je n’y connaissais rien en cinéma, que ce soit les financements, les droits, la technique. J’ai monté un dossier, trouvé un réalisateur, commencé à chercher de l’argent. Une fois engagé, il a fallu trouver une histoire pour montrer quelque chose aux éventuels financeurs. Alors j’ai bâti un synopsis. Ensuite, comme les choses s’enclenchaient, il a bien fallu écrire le scénario. Alors je m’y suis mis».

Une démarche à l’envers, mais qui a fonctionné. Mikaël a trouvé les acteurs, l’argent et produit le film. Ce dernier est bouclé, a déjà été présenté à Salins, mais en attente de sortie pour un conflit entre Mikaël et le réalisateur, lié au titre et aux prétentions de rémunération de ce dernier. Le jeune salinois n’a pas peur d’oser. Et pour l’instant, ça marche plutôt bien. Son dynamisme convainc. Lorsqu’il a demandé une subvention pour son film au Conseil régional, on lui a conseillé de demander le double de ce qu’il escomptait. Il est vrai que son film n’a coûté que 33 000 euros. Et que sa démarche est désintéressée :

«Ma part de droit d’auteur et le produit des entrées sont reversés à des associations de lutte contre le cancer».

La première de son film a eu lieu le 30 juin dernier et comme dans tout ce qu’il entreprend, Mikaël n’a pas fait les choses à moitié : arrivée des acteurs en grande pompe, tapis rouge, cérémonial à grand frais. 1200 spectateurs ont répondu présent au gymnase de la communauté de communes de Salins, où il avait fait installer un écran géant.
Il se lance dans un monde de chausse-trapes et de problèmes. Mais cela ne semble pas l’arrêter, au contraire. Alors qu’il connaît plusieurs conflits de droits d’auteur pour son film, il est déjà passé à autre chose.

«Le 26 avril, j’organise le spectacle de Kev Adams à Champagnole, sa seule date par ici». Là encore, il a osé, sachant que l’humoriste ne se déplace que dans des salles de moins de 500 places.
Aujourd’hui, il est président d’une association («les Jeunes en avant»), a monté sa société («MY production») avec laquelle il se lance dans l’organisation de spectacles et le management d’artistes. Il aime cet univers et il s’y sent à l’aise. C’est celui de la télé et des paillettes. Il côtoie les acteurs de «Plus belle la vie», est agent pour des artistes passés par «Incroyable talent» ou «la Nouvelle star». Il a des projets avec des groupes, des chanteurs, des réalisateurs. La plupart du temps, ce sont eux qui le contactent, sa réputation ayant rapidement fait le tour des réseaux.

«C’est l’entourage d’Axel et Alizée, les gagnants d’Incroyable talent, qui est venu me voir parce qu’il ne se passait plus rien autour d’eux et qu’ils voulaient se relancer». Chose faite aujourd’hui, les deux jeunes danseurs recommencent à avoir des dates. Ce parcours construit de rencontre en rencontre et de réussite en réussite  a commencé par hasard, il y a 9 ans.

«On était un groupe de jeunes du quartier HLM de Salins. Pour s’occuper, on a commencé par monter des spectacles dans des caves, à partir de rien. Tous les gens du quartier venaient. Ensuite, on a organisé un spectacle un peu plus important sans moyen, ni matériel. On a tout géré, fait du chant, du théâtre, de la danse, de la magie. La salle était complète. On s’est mis à faire des spectacles tous les 6 mois, toujours en amateurs et en 2009 on a voulu créer un show plus important, avec plus de moyens. On a créé l’association pour ça, on a été soutenus par la communauté de communes et les commerçants mais pas la mairie qui nous a toujours ignorés. Cela a encore été un succès avec un reportage de France 3. Il y avait une certaine satisfaction à voir qu’on était pris au sérieux alors que deux ans avant on nous traitait de racaille et de jeunes qui ne font rien - alors qu’on allait bénévolement animer des maisons de retraite. Mais on savait aussi que c’était le dernier spectacle car on était en fin de 3e et qu’on allait partir dans différentes directions».

Mikaël est le seul du groupe à avoir continué dans cette voie, même si les autres sont toujours là quand il faut l’aider.
«C’est après ce spectacle que je leur ai dit que je n’avais pas envie de m’arrêter là et que j’allais me lancer dans un long métrage !» Il n’est pas tête brûlée pour autant. «Pour l’instant, je préfère rester à Salins pour apprendre, pour me faire un nom, avancer à mon rythme. Ma crédibilité passera d’abord par les événements que je réussirai à monter. Et dans la région, il n’y a presque pas de concurrence et beaucoup de choses à faire». Prochaine étape : organiser le plus gros spectacle de cabaret de la région, sûrement à Dole.

Stéphane Paris

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