novembre 2005

Soirée de groupe avec slam

A Saint-Claude, le café de la Maison du peuple accueille régulièrement des scènes ouvertes. Ambiance très conviviale, poésie et jeux de mots assurés comme en ce 18 novembre. Principe de la discipline : pas de principe.
Dessin Christian Maucler

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Celui qui ouvre la soirée répond au pseudo de Lee Harvey Asphalt. ll commence par une série de "pam pam papam tchikí pam" comme pour donner le rythme ou installer l'ambiance. Puis envoie par cœur un texte de son cru. Avec une belle maîtrise : la prononciation claire, les syllabes articulées, il accélère, ralentit, s'arrête, reprend, hausse le ton. Images poétiques, jeux avec les mots et les sons se succèdent. On sent l'habitué. C'est le cas : il slame depuis 4 ans avec la Section lyonnaise des amasseurs de mots. Chaque dernier mardi du mois, ce groupe organise des soirées au Bistroy, un bar de Lyon devenu le centre du slam en Rhône-Alpes et l'un des principaux en France. Ses membres n'hésitent pas à se déplacer là où des sessions se montent. Lee Harvey Asphalt est venu à St-Claude avec deux autres activistes du slam, Versaint Rhétorique (ou Versaint Rétorride de la capitale des 3 Gaules...) et Barbie Tue Ric.
«On aime bien partager, aller sur les scènes des autres pour rencontrer des slameurs et éventuellement les inviter à notre festival annuel à Lyon (NDR, cette année, le 11 mars). En ce moment, il y a vraiment un engouement ››.
A St-Claude, le café de la Maison du peuple accueille régulièrement des soirées slam depuis un peu plus d'un an. A l'origine, une association de jeunes de la ville, les Réquoins dont l'un d'eux, Stéphane Rolandez, a entendu slamer à la radio. Ils ont proposé I'idée au bar et le pli a pris même si la fréquentation des soirées est très aléatoire.
Celle du 18 novembre est plutôt réussie. L'assistance compte une cinquantaine de personnes. Outre les Lyonnais, Luis Goncalves est venu avec deux platines. ll assure l'intermède musical entre les sessions de slam et peut proposer un accompagnement à ceux qui le souhaitent. «Je fais le DJ depuis 4 ans, c'est un passe-temps pour me défouler; c'est mieux que de taper sur des sacs ››.
Après Lee Harvey Asphalt, c'est Stéphane Rolandez qui prend le micro et se lance dans la lecture d'un texte qu'il vient d'écn're. Il parte de slam, de l'âme qui slame, les assonances vont bon train.
«Avant l 'an dernier; j'e n 'en avais jamais fait. Mais j 'aime bien les mots, j'écrivais déjà et je trouve la forme sympa car il n'y a pas de règle. On lit un texte au micro, il peut être poétique, politique, revendicatif, prendre la forme d'une histoire ou d'un conte... ››

   "Une tribune ouverte à laquelle
   tout le monde peut participer"


Selon Versaint Rhétorique, 95 % des slameurs lisent leurs propres créations. C'est cette liberté de ton, de
forme, d'expression que retient aussi Lee Harvey Asphalt. Elle donne lieu à une définition forcément floue.
«Le slam, c'est la création démocratique derrière le micro. C'est une tribune ouverte a laquelle tout le monde peut participer dans tout domaine touchant de près ou de loin à /'oralité ››. Sur scène, se succèdent des déclamateurs issus du public, ce qui engendre vite une certaine convivialité, chacun prenant part à la soirée à laquelle il assiste. Réfutant la nécessité d'une fédération qui in- duirait des règles contraignantes et un côté élitiste, Versaint Rhétorique insiste sur une pratique malléable. «En réalité, le slam s'adapte suivant les régions et les lieux. Il y a une multiplicité de pratiques, à la fois en rupture et s 'ancrant dans des traditions locales››. Le rapprochement avec le rap est en tout cas à oublier. « Le
rap possède beaucoup de règles, de contraintes, est destiné à être vendu. Ce que fait Eminem n'est pas du slam. Celui qui I 'a inventé aux Etats-Unis vers 1984 est un ouvrier blanc de Chicago nommé Mark Smith ››
recadre-t-il non sans reconnaître des précurseurs dans les écrivains de la beat generation qui lisaient leurs poèmes dans les bars.
Selon ces notions, les Lyonnais du Slam ne sont pas favorables aux joutes verbales, même si leur pratique a oonnu une certaine popularité par l'intermédiaire des contests organisés aux Etats-Unis.
«Lorsqu 'on organise nos soirées, notre idée est que chacun reparte avec le champion qu 'il veut dans sa tête. Et si on part sur un système de battles, de contests, beau- coup de gens ne monteront pas sur scène. Ce qui est intéressant n'est pas d'avoir que des virtuoses. ll y en a, mais juste après, on pourra voir arriver quelqu'un qui n'est jamais monté sur scène. Je crois qu 'on n'a jamais fait de scène sans qu 'il n 'y ait pas un nouveau qui prenne le micro ››. Lui est rodé et propose avec succès un texte plein d'humour construit autour de noms de villes françaises.
Ce soir-là, une dizaine de personnes prennent la parole, entre quelques secondes et plusieurs minutes. Le public est plutôt attentif à l'image de Cyril Chaise, président des Réquoins : «J'apprécie, mais en faire, c 'est une autre
histoire ››.
David Poli, lui, a franchi le pas : « Je me suis mis à slamer dès que j'en ai vu à St-Claude. C'est une manière de pouvoir s 'exprimer. Moi qui suis plutôt réservé, ça me désinhibe ››.
Elle aussi d'un naturel visiblement discret, Barbie Tue Ric termine la deuxième session de la soirée et se lance dans un régal de jeux de mots autour de son pseudonyme et de la fragilité trompeuse d'une femme. Dont : « Je ne suis pas une actrice, pas une superstar, plutôt une supernova... trice ››.

Stéphane Paris


Soirées slam
Environ une fois par mois à St-Claude,
café de la Maison
du Peuple, 03.84.45. 77.33 ou 03.84.45.42.26.

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