mai 2015

Antony Henriques, l’esprit fondeur

A 22 ans, ce Luxovien perpétue les gestes d’un savoir-faire traditionnel en Haute-Saône.
Photo Laurent Cheviet
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Trois fois par matinée, affublé de masque, lunettes, gants et tablier, Antony Henriques est à la coulée avec deux autres salariés de la fonderie de Saint-Sauveur. Un acte spectaculaire, dans la poussière,  la fumée et la pénombre où se détache un concentré de lumière aveuglante, celui du métal en fusion. Il faut être trois pour tenir la poche, enlever les «crasses» flottant à la surface et basculer le métal, bronze ou laiton, selon la pièce qu’il faut modeler. La coulée consiste à le transvaser dans un moule. «C’est ce qui me fascinait quand j’ai commencé. Voir le métal fondu. C’est ce qui marque le plus».
A 22 ans, Antony reproduit les gestes d’un savoir-faire hérité du XIXe siècle et d’un patrimoine très présent en Haute-Saône. Lorsqu’il n’est pas à la coulée, il occupe un poste de travail à côté de celui de son père, Manuel, l’un des 3 «Meilleurs ouvriers de France» de l’entreprise.
«Mon grand-père travaillait déjà ici. Mon père est là depuis 35 ans. J’aimerais faire pareil. Depuis tout petit je viens le voir. Quand il a fallu faire un stage en 3e, je suis venu ici et j’ai aussi travaillé un mois en été». Son éloignement de la fonderie n’a pas duré. Le temps de passer un CAP menuiserie («car le CAP mouleur n’existait plus») puis de travailler à droite et à gauche dans l’industrie à des postes qui ne lui plaisaient pas. «Je suis repassé à la fonderie et mon patron m’a proposé un poste, en 2012. Là j’apprends un métier qui m’intéresse vraiment. Dommage qu’il n’y ait pas de formation».
Comme les autres jeunes embauchés récemment par Bruno Redoutey, Antony apprend sur place, avec les salariés expérimentés. «Mon père me donne des conseils. Bon, il voudrait que je fasse tout tout de suite correctement. Mais on s’entend bien. Il est fier de me voir là».
Il ne trouve pas d’aspect négatif à ce qu’il fait. «Ce n’est pas difficile, pas fatigant. En menuiserie, il y avait beaucoup plus de bruit qu’ici. Tout me plaît. Toucher le sable, être précis sur les gestes. C’est tous les jours différents, on n’a jamais un moule pareil qu’un autre».
Il arrive à 7 h, commence par monter les moules puis «coule» toute la matinée. L’après-midi est consacré à la préparation du sable et des moules du lendemain avant de les mettre à l’étuve.
Il pense que son métier n’est pas difficile à apprendre, qu’il suffit d’être motivé et manuel. Cela ne l’empêche pas d’en être fier. «C’est un métier rare. Mes copains me posent de questions, je suis content de leur en parler. Quand on voit dehors ou à la télé un objet qu’on a fait, on aime le dire». Calme, discret, mais la tête sur les épaules, Antony est heureux à sa place. «Je savais que j’allais venir ici».

S.P.
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